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Louis Doucet - "Entre performance" - 09/2011 |
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Du 8 novembre au 3 décembre 2011, la Galerie du Haut-Pavé présente des travaux récents de Claude Cattelain, né en Belgique en 1972. Il vit et travaille à Valenciennes. Claude Cattelain est un artiste complet. Il aborde avec un égal bonheur le dessin, les constructions en trois dimensions, la vidéo et la performance : ligne, surface, espace, temps… Cette apparente dispersion dans les quatre dimensions comme dans les moyens d’expression ne doit pas occulter la grande unité qui soustend ses travaux. Son oeuvre, perçue dans sa globalité, est un Gesamtkunstwerk, dans le sens où Wagner le concevait. Le fil conducteur, omniprésent, le Leitmotiv, en est le corps humain, celui de l’artiste. Dans ses performances, Claude Cattelain soumet son corps à des exercices, apparemment absurdes, qui s’apparentent aux expériences de « physique amusante » chers à certains vulgarisateurs, mais transposées dans le monde de la physiologie. Il y est souvent question de limites, que ce soient celles des forces physiques, de la résistance humaine, de l’équilibre ou des lois de la gravité. La gratuité de ces exercices, déraisonnables et improductifs selon le sens commun, exécutés, cependant, avec la méticulosité imperturbable d’un professionnel, force le spectateur à une réflexion sur les notions d’utilité, d’inutilité, de finalité, de futilité, dans l’art mais aussi dans la vie quotidienne. Claude Cattelain fait exploser les démarcations traditionnelles et trop confortables qui séparent l’activité de l’artiste de celle du non-artiste, les frontières qui maintiennent à distance l’acteur et le spectateur. On peut donc parler de désacralisation, sans pour autant tomber dans la facilité… Bien au contraire… On pense inévitablement à Beuys : Chaque homme est un artiste et l’atelier se trouve entre les hommes. Les vidéos de Claude Cattelain, toujours brèves, sont comme des condensés de ses performances. Elles pérennisent des performances intimes qui s’ancrent dans la banalité d’un quotidien qu’elles transcendent et dévoient, non sans humour. Sa série de soixante cinq saynètes formant la série Vidéo hebdo, 2009-2010, constitue un ensemble significatif à cet égard. La plus courte n’excède pas une minute (54’’) ; la plus longue dure moins de cinq minutes (4’54’’). La plus simple ne demande aucune mise en scène : l’artiste essaie d’ôter une alliance de son annulaire gauche en ne recourant à aucun autre moyen que les doigts de sa main gauche, cadrée en plein écran. Les plus élaborées recourent à des parpaings, à un miroir, à des rubans adhésifs, à une chaise progressivement mise en déséquilibre, à une bassine lentement remplie par un tuyau d’arrosage… Dans d’autres, encore, c’est la caméra vidéo qui est mise à l’épreuve, projetée en l’air, enfouie dans des emballages en polystyrène ou installée au fond de l’âtre d’un feu de cheminée… La plus courte des vidéos de Claude Cattelain, White ball, 2003, ne dure que sept secondes : le temps de souffler dans un ballon de baudruche – rouge et non blanc – jusqu’à ce qu’il éclate. Dérision certes, mais aussi mise en abîme de la condition humaine et de la vanité ou de la futilité de bien des activités pourtant jugées essentielles par beaucoup… Les dessins de Claude Cattelain sont réalisés par combustion. L’artiste trace, sur la feuille, le contour de son corps avec la flamme de longues allumettes. Le feu laisse son empreinte sur le papier, frôlant la peau au plus près, au risque de la brûlure. Ce sont, comme le déclare l’artiste, les reliques d’un exercice fébrile, long et tendu. Certaines de ces expériences de jeu avec le feu figurent dans ses vidéos, notamment dans Combustions, 2005, mettant encore en évidence la grande cohérence d’ensemble de la démarche de l’artiste. Cependant, pour qui ignorerait le processus de réalisation de ces dessins, leurs qualités plastiques suffisent à convaincre le spectateur qu’il s’agit d’oeuvres autonomes, conçues en recourant à des processus conventionnels. Claude Cattelain prend plaisir à brouiller les pistes.. Et le spectateur prend plaisir à être dérouté… |